Depuis les chapeaux à plumes surmontant des pêcheurs en costume, la pêche à la mouche comme toutes les autres a évolué. Elle s’est avant tout démocratisée. Cette pêche d’aristocrates, visant principalement la capture des salmonidés, s’est en même temps élargie à bien d’autres poissons. Le matériel a bénéficié comme dans toutes les pêches des progrès technologiques, permettant de trouver un équipement très bon marché pour débuter comme les produits les plus avancés pour ceux désirant se spécialiser.
La pêche à la mouche peut se pratiquer partout en rivière, en mer, en étang (souvent dénommé réservoir lorsque celui-ci est dédié à la pêche de la truite) ou en lac. Elle permet de prendre de nombreux types de poissons tels que la truite, l’ombre, le saumon, mais aussi le black-bass , le brochet , la perche ou encore l’ablette, le chevesne, le rotengle, la vandoise et la carpe (que les poissons que j’ai oubliés m’excusent!) .
Ce mode de pêche consiste à utiliser une canne ou « fouet » équipée d’un moulinet contenant une soie au bout de laquelle est relié un bas de ligne et sur lequel est fixé un leurre nommé mouche. Cette mouche ayant un poids négligeable, on la propulse en fouettant avec la ligne pour la déposer le plus précisément possible à l’endroit souhaité.
Les cannes à mouche
Une canne à mouche se distingue par 3 caractéristiques principales : longueur, puissance et action. C’est la combinaison de ces 3 facteurs qui, en fonction des conditions de pêche rencontrées, fera que le pêcheur tirera ou non le meilleur de sa canne à mouche.
La longueur
La longueur d’une canne pour la pêche à la mouche s’exprime généralement en pieds et en pouces. 1 pied = 30,48 cm et 1 pouce = 2,54 cm.(1 pied = 12 pouces). Ainsi une canne de 9 pieds (9′) mesure 2,74 m et une canne de 6 pieds 6 pouces (6’6 ») 1,98 m
L’action
3 types d’actions principales caractérisent les cannes pour la pêche à la mouche. Parabolique, semi-parabolique (ou semi-rapide) et l’action de pointe.
– L’action parabolique (canne molle) est celle d’une canne qui travaille et se courbe sur toute sa longueur. Elle permet d’effectuer des lancers moins fatigants. L’action parabolique se prête en outre parfaitement à la pratique de pêche à la mouche noyée.
– L’action semi-parabolique ou semi-rapide est celle d’une canne qui se courbe et travaille sur la moitié de sa longueur. C’est l’action la plus la plus polyvalente et aujourd’hui la plus répandue. Elle permet de faire face à de très nombreuses situations de pêche avec un bon compromis entre la discrétion des posés et la distance atteinte.
– L’action de pointe (ou action rapide, ultra-rapide etc…) est celle d’une canne dont seule la pointe travaille lors du lancer. Elle est préconisée pour les lancers de grande distance , en réservoir par exemple. La canne est dite » dure » et nécessite une très bonne pratique du lancer.
Nombre de brins de cannes : 2,3,4 …..?
Aujourd’hui, les technologies et matériaux utilisés et la qualité des emmanchements permettent de produire des cannes, en 3, 4, 5 ou 6 brins, tout à fait performantes avec un encombrement minimal. Le choix sera donc fonction avant tout du goût personnel du pêcheur.
Le pêcheur à la mouche débutant trouvera un excellent compromis avec une canne de 8’6 ou 9 pieds de puissance #4 ou #5 d’action semi- rapide. Cette canne lui permettra de bien sentir le travail de la canne lors des lancers et de faire face favorablement à un maximum de situations.
Malgré les prix élevés affichés par les cannes et moulinets des grandes marques, souvent d’excellente qualité, il est possible d’acquérir un premier équipement ou de diversifier son matériel pour des prix raisonnables. Des cannes entre 70 et 150€, des moulinets à partir de 25€ et des soies convenables pour à peine 20€. Comme dans toutes les pêches, si la passion l’emporte et que votre budget vous le permet la diversité et le choix seront presque sans limites.
Traditionnellement on considère :
– qu’une canne courte de 6′ à 7’5 » sera utilisée pour pêcher les ruisseaux et petites rivières.
– que les cannes de 8′ à 9′ seront les cannes plus polyvalentes permettant de faire face au plus grand nombre de situations rencontrées.
– qu’une canne longue 9’6 » et supérieures sera utilisée pour les grandes rivières le réservoir ou la mer.
La puissance
La puissance de la canne à mouche se réfère au poids de la soie qu’elle est capable de propulser sachant que plus le poids de la soie est important plus les distances de lancer potentielles s’élèvent. On trouve couramment sur le marché des soies du numéro 3 au numéro 12 (#3 à #12). La puissance des cannes à mouche est donc exprimée en rapport avec ces soies. Ces informations sont inscrites sur la canne. Une canne marquée soie 3 ou 4 supportera une soie WF 4 ou DT3, de même que celle simplement marquée soie de 4.
On peut considérer :
– Une canne de puissance faible est utilisée pour les pêches à courtes distances ou demandant une discrétion extrême.
– Les cannes de puissance #4 et #5 seront les cannes plus polyvalentes permettant de faire face au plus grand nombre de situations rencontrées.
– Les cannes de puissances # 6 et supérieures seront destinées à des utilisations spécifiques réclamant de la puissance (grandes rivières, réservoir, carnassiers, mer…)
Le moulinet
Pour la pêche à la mouche, le moulinet est surtout une simple réserve de fil. Il peut être manuel ou semi-automatique . Le critère majeur à retenir lors de son achat est celui de sa contenance qui doit être adaptée à la taille de la soie plus un backing (fil de remplissage placé avant la soie), son poids est à considérer pour avoir un bon équilibre avec la canne.
La soie
La soie est l’élément propulseur du leurre et qu’il faut « fouetter » pour obtenir une distance de lancer. Il en existe certaines qui sont naturelles (en soie) et qui demandent un peu d’entretien, mais la plupart sont synthétiques. La soie peut être flottante, plongeante ou intermédiaire : cela dépend des conditions de pêche, du poisson, mais aussi des préférences techniques de chacun.
Les soies naturelles ou artificielles sont classées selon plusieurs critères :
– leur profil,
– leur poids,
– leur caractéristique flottante ou plongeante +/-rapide, selon la densité.
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Les différents profils
– Level ou parallèle L
Les soies parallèles (L) ont un profil constant avec même diamètre d’un bout à l’autre. Elles sont assez difficiles à mettre en œuvre, car difficiles à contrôler, elles ne se prêtent pas au « coulé » . Elles seront réservées aux pêches de rivières à courte distance (10 / 12 mètres) et sont à déconseiller aux lanceurs débutants.
– Simple fuseau SF
Le ventre est réparti sur la totalité de la longueur après le fuseau avant. En revanche, elles n’ont pas de deuxième fuseau à l’autre extrémité et ne sont donc pas réversibles .
– Double Taper ou double fuseau DT
Adaptées aux petites et moyennes rivières, ces soies permettent des présentations fines et des posés discrets.
Leur profil est constitué d’une pointe, un fuseau avant et un ventre qui occupe toute la longueur de la soie avant un deuxième fuseau et une deuxième pointe à l’autre extrémité . Elles sont symétriques, donc « réversibles », ce qui peut doubler leur durée de vie !
– Weight Forward ou Fuseau décentré WF
Son profil comprend: une pointe courte de 15 à 20 cm parallèle, un fuseau avant très court, un ventre central épais parallèle plus court que sur les DT, un fuseau arrière très court et terminé par une queue longue (parallèle) et fine. Son poids décentré vers l’avant permet de charger la canne rapidement à courte distance. C’est la soie pour lancer loin tout en étant précis. Cette soie est idéale pour les débutants.
La densité
Il existe plusieurs types de soies selon le mode de pêche et la profondeur à laquelle on souhaite pêcher, les plongeantes sont simplement plus denses que les flottantes puisque que la flottabilité d’une soie ne dépend que de sa densité et non de son poids! ( une soie très lourde de 12 peut très bien être flottante et une soie très légère de 2 peut être plongeante !)
Soies flottantes (F comme Floating) dont revêtement contient des micro-ballons et des hydrophobes! Comme leur nom l’indique, elles flottent en surface et sont utilisables pour quasiment toutes les pêches, en surface ou à faible profondeur (en utilisant un leurre lourd).
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Soie neutre (N comme Neutral ou H comme Hoover) elle est de moins en moins utilisée et permet de rester juste sous la surface de l’eau (jusqu’à 15 cm de profondeur) pour la pêche en émergente de premier stade (sub-surface).
Soies intermédiaires (I pour Intermediate) dont le revêtement contient des micro-billes en verre. Ce sont des soies qui plongent lentement quelques centimètres ou dizaines de centimètres sous la surface et sont utilisables pour les pêches entre deux eaux au streamer ou en noyée jusqu’à environ 2 m de la surface. Toutes les soies naturelles appartiennent à la classe des lignes intermédiaires. Elles coulent si elles ne sont pas graissées.
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Soie flottante à pointe plongeante, cette soie flottante possède une pointe plongeante de 3 m environ. Composée de deux densités différentes, cette soie, qui est un peu plus difficile à lancer, permet de pêcher en nymphe entre 1 et 4 m de profondeur, tout en conservant une excellente vision des touches (partie flottante), à privilégier pour la pêche en rivière
Les soies plongeantes (S comme sinking) dont le revêtement contient de la poudre de tungstène d’où leurs couleurs sombres sont conçues pour prospecter les postes très profonds (5 m et plus), elles sont bien adaptées aux réservoirs! Elles sont notées S + un numéro ajouté pour indiquer leur vitesse de plongée. Les vitesses de descente des différentes soies plongeantes peuvent varier selon les fabricants, les valeurs ci-après sont indicatives:
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– Soie intermédiaire : 0 à 3 cms / seconde, soit environ 40 secondes pour atteindre 1 mètre,
– Soie plongeante S1 : 4 à 7 cms / seconde, soit environ 20 secondes pour atteindre 1 mètre,
– Soie plongeante S2 : 8 à 10 cms / seconde, soit environ 11 secondes pour atteindre 1 mètre,
– Soie plongeante S4 : 13 à 20 cms / seconde, soit environ 6 secondes pour atteindre 1 mètre,
– Soie plongeante S5 : 15 à 30 cms / seconde, soit environ 4 secondes pour atteindre 1 mètre.
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Quelques exemples pour le déchiffrage des indications portées sur les boites des soies.
DT 5 F = Profil double fuseau, poids n°5, densité :soie flottante
WF 5 I = Profil fuseau décentré, poids n°5, densité : Intermédiaire, plongeante lente
WF 6 S4 = Profil fuseau décentré, poids n° 6, densité 4 , plongeante vitesse 4
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Dans le tableau ci-contre, en fonction du numéro de la soie vous trouverez le poids et la tolérance. Ce poids n’est que celui du fuseau, il ne tient pas compte du reste de la soie, qui peut être plus ou moins lourd suivant les fabrications et la longueur. Si vous essayez de peser votre soie, le résultat ne concordera donc pas obligatoirement.