L’appellation « mouche artificielle » regroupe en réalité de nombreuses imitations d’insectes ou de larves, aussi bien que les montages les plus invraisemblables créés par des pêcheurs parfois géniaux. Ils sont réalisés à partir de poils, plumes, fibres synthétiques et autres matériaux souvent détournés de leur usage initial. Ces montages ont fait l’objet d’une abondante littérature, ainsi que de fiches de montages ou vidéos sur internet. Nous nous contenterons donc de présenter les grandes familles d’imitations ainsi que les outils et produits de base pour nous familiariser avec le montage.

 

Les mouches sèches (flottantes)

 

Par définition elles restent sur la surface, elles nécessitent donc une attention particulière au niveau du poids, des matériaux hydrophobes et un graissage avant de pêcher. Elles se divisent en deux groupes :

Les imitations exactes, s’approchant au plus juste de la perception qu’un poisson aurait de l’insecte, elles sont utilisées lorsque des gobages sont constatés sur ces mêmes insectes ou des parcours ou ils sont régulièrement présents. Le modèle peut prendre différents aspects, depuis l’éclosion jusqu’à un insecte mort dérivant sur l’eau, les poissons sont parfois sélectifs à l’extrême.

Les mouches d’ensembles, contrairement aux premières elles ne ressemblent à rien de précis, c’est leur allure générale, leurs couleurs, leur comportement sur l’eau qui réussira à leurrer le poisson. Elles ne sont pas à négliger en l’absence d’activité visible ou sur les parcours nouveaux.

 

Les insectes et les techniques de pêche à la mouche

 

La pêche à la mouche est d’abord une pêche d’observation. Le principal secret est de présenter au poisson en activité une mouche qui correspond dans la forme générale et la couleur à ce qui a suscité chez lui le déclenchement de cette activité.

 

Deux sortes d’insectes intéressent les poissons :

Les aquatiques qui naissent, vivent et grandissent dans l’eau ;

Les terrestres, qui ne sont la proie des poissons que lorsqu’ils tombent à l’eau, par accident ou morts.

Les insectes aquatiques, les plus recherchés par les poissons, ont un développement en quatre stades :

le stade larvaire, période qui suit immédiatement la ponte; la larve est soit posée sur le fond soit collée à une herbe, une mousse ou une algue.

le stade nymphe, quand la larve se sépare de son enveloppe et remonte vers la surface ;

le stade adulte, ou imago, quand l’insecte arrive en surface et déploie ses ailes pour s’envoler;

le stade spent, quand l’insecte retombe mort ou pour mourir.

 

La vie active de l’insecte aquatique adulte, qui se consacre alors à la reproduction, est de courte durée, quelques heures pour un éphémère, quelques jours au maximum pour d’autres, alors que leur vie larvaire peut durer plusieurs années.

 

D’autres techniques correspondent à la présentation des insectes à leurs différents stades :

la mouche noyée pour le stade de remontée de la nymphe vers la surface, leurre dans l’eau;

en nymphe pour le stade larvaire et nymphe, leurre près du fond ou juste au-dessus ;

en mouche sèche, pour les stades imago, spent, et émergente lorsque l’insecte en devenir sort de la pellicule d’eau en surface, leurre posé sur la surface, .

 

Quand il n’y a plus d’éclosion

Quand on voit les insectes en surface et des gobages, il est évident qu’il faut pêcher en sèche. Quand ce n’est pas le cas, on essaiera d’abord en nymphe, ou en noyée.

 

Une école d’observation

Si l’observation et la lecture de l’eau sont conseillées pour toutes les techniques de pêche, elles sont capitales quand on pratique la pêche à la mouche.

 

Quand on arrive au bord de l’eau, rien ne sert de se précipiter pour pêcher immédiatement, car il faut :

déterminer d’abord le type de pêche à la mouche à appliquer (sèche, noyée, nymphe) ;

choisir l’artificielle en fonction des éclosions qui sont en train de se produire.

 

Seule une observation soutenue de la surface permet de sélectionner la technique à employer, la détermination des insectes en train d’éclore étant plus délicate.

 

 

mouches

Le principe de la mouche artificiel

 

  La mouche sèche

 

Pour bon nombre de pêcheurs, la pêche à la mouche sèche est la seule digne d’être pratiquée. La raison en est très simple : toute l’action de pêche, du posé jusqu’à la prise, est visible. Le pêcheur constate immédiatement si son lancer est correct ou non, si la mouche est bien présentée ou non.

La vraie difficulté consiste à savoir quelle mouche sera prenante. Le pêcheur, par la connaissance indispensable des divers stades de développement d’une mouche et une patiente observation saura ce qu’il convient de monter et de présenter au poisson recherché.

 

La pêche à la mouche sèche a évolué, grâce notamment aux passionnés qui ont sans cesse amélioré leurs imitations. Du moucheron à la grosse mouche, tout est observé par les pêcheurs afin de mémoriser les aspects et de les reproduire avec un maximum de réalisme. Ceci dit, des mouches dites « d’ensemble » ressemblant à tout et à rien peuvent aussi être efficaces.

Dans une eau courante, la mouche sèche sera déposée en amont pour se présenter naturellement sur le poste, tandis qu’en eau dormante, c’est le pêcheur qui approchera le poste avec d’infinies précautions.

 

La pêche à la mouche noyée

 

Dans l’histoire de la pêche à la mouche, celle dite à la mouche noyée est sans doute la plus ancienne. Les collections de mouches anciennes présentent des créations qui n’ont rien perdu de leur valeur attractive. Cette technique reste pour certains pêcheurs la plus efficace compte tenu du fait que les salmonidés trouvent la quasi- totalité de leur nourriture sous l’eau.

 

Là où l’eau est peu profonde, une soie   flottante de 5 ou 6 sera utilisée, alors que dans une eau plus profonde, une soie plongeante sera privilégiée. Lancée en travers du courant et vers l’amont, le pêcheur prendra soin de laisser la soie dériver vers l’aval aussi longtemps que possible. L’attaque du poisson est ressentie par une tirette sur le bas de ligne .

Dans une eau dormante, la mouche noyée doit être animée lentement, non loin de la surface, avec de temps à autre quelques tirées vigoureuses.

 

La pêche à la nymphe

 

La pêche à la nymphe est sans doute la méthode la moins utilisée et la moins maîtrisée par les pêcheurs « au fouet ». La nymphe imite les insectes aquatiques à leur stade nymphal ou des crustacés comme le gammare. Quand on pratique la pêche à la nymphe, et en fonction du poisson recherché, la nymphe est présentée juste sous la surface, entre deux eaux ou encore juste au-dessus du fond. Dans les deux premiers cas, on utilisera une soie flottante de 4 ou 5, alors que pour se rapprocher du fond, une soie plongeante est nécessaire de même qu’il sera utile de plomber la nymphe.

Toutes ces formes de pêche à la mouche ont pour point commun d’imiter un insecte ou une larve précis, en espérant faire monter un poisson précis sur sa mouche.

 

Le streamer

 

Le streamer est plus un leurre qu’une imitation, il représente de plus grosses proies, à savoir de petits poissons, batraciens… Cette « mouche », un peu particulière, étant plus lourde, une soie et un bas de ligne plus résistant sont employés.  Une soie numéro 6 ou plus est recommandée pour cette technique surtout si l’on veut utiliser de gros modèles.

Proches des streamers, d’autres « mouches » (leurres ou appâts, catégorisez-les comme bon vous semble) telles que les poppers légers peuvent être utilisés. Ces leurres intéresseront notamment des poissons comme le black-bass.

 

 

Si l’on pêche régulièrement sur un secteur, on finit par connaître les insectes qui sont présents dans l’eau, le choix de l’artificielle se limite alors à quelques modèles. En revanche, si le lieu de pêche est nouveau, il faut se promener sur la berge et observer les insectes qui volent, ceux qui sont retombés morts sur la rive et les feuillages environnants : le choix de la mouche s’en trouve facilité.

 

Les eaux concernées

A priori, on pourrait dire que tous les types d’eau conviennent, mais certaines contiennent plus de poissons-moucheurs que d’autres.

Les eaux de 1ère catégorie, où les salmonidés prédominent, sont les plus intéressantes. Ces eaux vont de la zone à truite (torrents, ruisseaux, petites rivières, lacs de montagne) à la zone à ombre (rivière plus large au courant régulier).

Les autres zones conviennent moins, mais on peut y pêcher à la mouche tant que leurs eaux sont claires, les artificielles devant être visibles aux poissons.

Les plans d’eau de 2ème catégorie peuvent convenir à la pratique de la mouche ; preuve en est le développement de la pêche en réservoir en France.

 

Les périodes de pêche

Le mois de mai ouvre la meilleure période de pêche à la mouche avec les éclosions de l’éphémère dit justement « mouche de mai » ; elle se poursuit jusqu’en août avant que les salmonidés se rabattent sur des proies plus conséquentes. L’ombre peut être péché ainsi jusqu’en décembre dans certains cours d’eau de 2ème catégorie tout comme les chevesnes ou encore les ablettes qui folâtrent en surface en beau milieu de l’hiver quand un rayon de soleil vient réchauffer la surface.

En mai, et jusqu’à la mi-juillet, la pêche est bonne, pendant toute la journée, puis elle devient moins rentable en plein été, car les eaux baissent et la lumière est trop forte ; il faut alors pêcher en fin d’après-midi : c’est ce qu’on appelle faire le fameux « coup du soir ».

 

Le matériel de montage

 

Vous devrez pour commencer, vous procurer un étau de montage, un ou deux porte-bobines, une paire de ciseaux très fins, un outil à demi clés, une pince à hackle (plume), un finisseur de noeud et un outil pour les boucles à dubbing. Vous pourrez trouver le tout pour environ 40€, par la suite cet équipement pourra évoluer et se compléter.

Les indispensables hameçons, le choix des formes et des tailles est immense, contentez-vous pour vos premiers essais de modèles droits en tailles 12, 14 et 16, n’hésitez pas à utiliser les modèles sans ardillons qui blessent moins le poisson et facilitent le décrochage. Les fiches de montage proposées un peu partout précisent généralement les tailles et modèles à utiliser. Quelques bobines de fil de montage en taille 6/0 et 8/0, dans les coloris gris, marron ou olive suffiront pour débuter.

La diversité des matériaux de montages proposés dans les catalogues est impressionnante, rassurez-vous, vous pourrez commencer avec peu et garnir votre boite progressivement au fur et à mesure de vos progrès. Le premier travail étant de s’approprier les bases, pose de cerques (queue), réalisation d’un corps en dubbing, d’une collerette, montage d’ailes en poils ou plumes.

 

Les plumes :

Les plumes de queue de faisan sont très souvent utilisées pour les cerques, corps et sacs ailaires des nymphes ou émergentes. Le flanc de cane ou de canard est très employé pour les ailes, le cul de canard, petite plume duveteuse et flottante, est lui aussi incontournable pour de nombreux montages. Le cou de coq, il permet de réaliser des cerques et collerettes, son prix est élevé, il est donc conseillé pour vos premiers essais de vous contenter d’un demi-cou en grade 2 ou 3. Pour monter les streamers et mouches noyées, la poule ou le coq indien seront suffisants, leurs barbes plus molles sont en effet peu adaptées aux mouches sèches. Les barbes de plume de paon, de dinde ou d’oie, servent à réaliser des corps annelés. De nombreuses autres plumes sont utilisées, vous les découvrirez à mesure que vous diversifierez votre boite à mouches.

 

Les poils :

Les plus employés sont le lièvre, pour la confection de dubbing et de collerettes, le chevreuil et autres cervidés pour les ailes, pattes, corps et queues, ces poils creux assurent une excellente flottaison de vos mouches. Le lapin soit de couleur naturelle ou teintée est utilisé en lanières pour les streamers, ou en dubbing.

 

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Les matériaux synthétiques :

L’imagination des monteurs comme des fabricants est dans ce domaine sans limites, des chenilles de toutes tailles et couleurs pour les corps, des fibres scintillantes, à utiliser seules ou mélangées à des composants naturels pour la confection de corps, queues, ailes, cerclages de corps… La collection des dubbings synthétiques est elle aussi impressionnante et se mélange facilement aux produits naturels pour rehausser couleur et brillance. Les mousses, matières plastiques, éléments préfabriqués… complètent la collection pour obtenir des effets saisissants.

Si vous voulez aller à l’essentiel, des mouches pour pêcher, vous n’aurez besoin que de quelques éléments pour réaliser un choix limité de modèles efficaces un peu partout. Si au contraire l’artiste qui sommeillait en vous prend le dessus, vous rechercherez l’imitation parfaite, les plus belles créations et devrez disposer d’une diversité importante de matériaux.

 

Les fils de montage :

Les petits numéros sont les gros fils et inversement. Il en existe de toutes sortes et de toutes couleurs, du simple fil de montage, des soies floss pour les corps et tags. Tous les fils n’ont pas les mêmes caractéristiques et qualités, testez d’abord une bobine et si le fil vous convient agrandissez votre collection. Plus votre fil sera fin, plus vos montages seront légers et soignés, surtout avec des petits hameçons. Ne pensez même pas à monter avec du 6/0 sur des hameçons de 18 ou 20! gros fil gros hameçons et inversement.